Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Australie 2005

20 juillet 2005

Mercredi 20 juillet 2005

World_05

               10h17 : Amis lecteurs, bonjour. Pour les nostalgiques de la glorieuse époque des Chroniques de Louisiane, je me propose d’entamer une mini version sur l’Australie, on verra si les circonstances me permettrent d’être aussi assidu dans ma tâche. Je viens d’arriver, j’ai quelques heures de quartier libre pendant que Valou travaille, ça me laisse le temps de me lancer dans cette entreprise et de relater au moins les premières étapes de cette nouvelle épopée. Première étapes déjà suffisamment mouvementées, je dois dire, pour en pondre quelques petits paragraphes. Que ceux qui ont déjà reçu ces informations par mail se sentent libres de passer directement à la suite.

                Ça a assez mal commencé, merci Bristish Airways – qui viennent de rater le titre très revendiqué de sponsor du 35ème épisode de la saga Výstup a Nástup. Une demi-heure de retard à l’embarquement alors que je me disais déjà qu’une heure de battement à Londres, ce serait bien peu, c’est pas le genre de truc qui m’aide à apaiser mes nerfs déjà mis à rude épreuve. Mais alors, quand en plus le pilote prend la parole pour s’excuser et qu’au milieu de son discours, tout s’éteint dans l’avion, le stress augmente encore. Vous allez me dire, tant qu’à tomber en panne, il vaut mieux qu’un avion tombe en panne avant le décollage. Mais fallait-il vraiment que cet avion tombe en panne ? Soit. Les hôtesses essayaient de détendre l’atmosphère avec des commentaires du style : Mesdames et messieurs, nous réalisons qu’en l’absence d’air conditionné, il commence à faire très chaud dans l’appareil. Mais vous constaterez rapidement que les sacs à vomi, dans le siège devant vous, peuvent devenir d’excellents éventails. Merci, Bristish Airways. Au bout d’un moment, on nous annonce qu’il y a tel et tel problème, que ça peut prendre cinq minutes comme ça peut en prendre cinquante, on nous tiendra informés. Et donc, au fil des minutes, je voyais mon heure d’escale à Londres rabotée progressivement. Nous avons finalement décollé une heure après l’heure prévue. Faites le calcul : une heure d’escale moins une heure perdue dans le premier vol, ça nous laisse ? Nada.

                Alors fatalement, ce vol n’aura pas été très agréable. Je me trémoussais sur mon siège en regardant ma montre. Puis j’ai décidé de prendre les choses en mains. Non, je n’ai pas viré le pilote de son siège pour passer moi-même à la vitesse supérieure, mais je suis allé trouver l’hôtesse la plus proche et j’ai honteusement amplifié la réalité pour assurer la suite de mon voyage : Écoutez, voilà la situation. J’ai un entretien d’embauche à Sydney mercredi midi. Si je rate ma correspondance à Londres, je rate mon entretien. Si je rate mon entretien, je rate mon job. Alors prévenez le pilote de l’avion suivant que je serai un peu en retard mais que j’arrive et qu’il a intérêt à m’attendre. Un peu plus tard, elle a réapparu et m’a fait un clin d’œil. Elle m’a annoncé qu’on atterrissait à la porte 4, que le vol suivant est à la porte 2 et m’a recommandé de ne pas m’attarder en chemin. Qu’est-ce qu’elle s’imaginait ? Que j’envisageais d’aller me prendre une tasse de café ?

                Nous avons atterri à 21h59 GMT, soit une minute avant le départ du vol suivant. Je n’ai pas attendu qu’on soit entièrement garé, je me suis précipité à l’avant de l’avion avec mes cliques et mes claques et j’ai fait le pied de grue devant la porte. Quand on m’a enfin laissé sortir, j’ai piqué un sprint spectaculaire jusqu’à l’autre porte, un étage plus haut et quelques couloirs plus loin. Je suis arrivé juste à temps. J’ai quand même été assez gentil pour signaler que quelques autres passagers, d’après ce que j’avais compris, étaient dans le même cas que moi mais couraient moins vite, que ce serait sympa de les attendre aussi.

                Les passagers du vol pour Sydney nous ont sans doute tous maudits, comme si c’était notre faute, mais à ce stade-là, je n’en avais plus rien à battre. J’étais dans l’avion et rien d’autre ne pouvait m’atteindre. Pas même la désagréable perspective de débarquer à Sydney sans ma valise, puisque je n’étais pas assez naïf pour penser que les employés des soutes auraient piqué le même sprint que moi…

                La suite est plus calme, bien sûr. Une bonne dizaine d’heures jusqu’à Bangkok, juste de quoi reprendre mon souffle après ce bref marathon à Londres. Quelques heures de sommeil, deux repas, Million Dollar Baby sur ma petite TV personnelle (c’est très cool de pouvoir choisir entre une dizaine de films, c’est la première fois que ça m’arrive dans un avion), une ou deux petites promenades pour me dérouiller les jambes. Je me souviens avoir vaguement ouvert un œil alors que nous survolions le Golfe du Nástup mais je ne me suis même pas donné la peine de me pencher par le hublot pour voir s’il restait l’un ou l’autre éventuel survivant de la Guerre du Milliard de Connards qui barboterait là en bas. Ce vol a passé très vite.

                Bangkok, environ deux heures d’escale. Mes pilules de nicotine, même si elles me donnaient l’impression désagréable de lécher un cendrier, avaient été terriblement efficaces et le besoin de fumer, pour la première fois depuis que je prends l’avion, n’était pas irrésistible. Je me suis donc promené un peu dans le gigantesque terminal, espérant entre autres que les tee-shirts du Hard Rock Café local y seraient en vente comme c’est parfois le cas dans les aéroports, mais pas ici hélas. J’ai fumé deux ou trois cigarettes, plus pour m’occuper qu’autre chose, et j’ai attendu dans la chaleur moite et gluante, un peu comme en Louisiane, le réembarquement dans le même avion où la plupart de mes affaires se trouvaient encore.

                Le vol suivant a été tout aussi calme, a passé tout aussi vite, entre siestes, causette avec ma voisine, les Orphelins Baudelaire dont j’achevais le sixième volume et Harry Potter que je commençais, repas et pilules de nicotine. J’ai regardé avec émotion, sur mon petit écran, l’avion qui traversait l’équateur, résistant à la tentation de réaliser enfin cette expérience à laquelle je songe depuis que je suis tout petit : aller dans les toilettes de l’avion, remplir le lavabo, laisser l’eau s’écouler et voir si elle s’arrête soudain pour commencer à tourner dans l’autre sens. Le lavabo en question ayant la taille d’un bol de soupe, je me suis dit que l’eau n’aurait même pas le temps de commencer à tourner. Je savourais surtout le plaisir de voir les limites est et sud de mon exploration méticuleuse de la planète reculer à vue d’œil au fil des kilomètres.

                Et puis nous sommes arrivés. Là aussi, ça allait être serré. Valou travaille, aujourd’hui, tout le monde n’a pas la joie d’être en vacances – et j’en profite pour saluer tous ceux qui, en Belgique, bossent aussi. Elle avait annoncé à son école qu’elle serait un peu en retard mais elle ne pouvait pas être trop en retard. Je lui avais donc dit de ne pas m’attendre indéfiniment si je ne sortais pas assez vite du terminal, je me débrouillerais bien. Mais j’avais quand même très envie d’être accueilli à la sortie, c’est toujours plus agréable, d’autant plus que, même si je suis assez débrouillard, je ne savais pas très bien ce que j’allais me débrouiller pour faire. Glander à l’aéroport ? Prendre un taxi vers le centre ? Avec mes bagages ? Regagner son quartier et errer en l’attendant ? Sans GSM, je ne pouvais même pas entrer en contact avec elle ! Donc, j’espérais ne pas perdre une seconde. Mais nous avons commencé par atterrir avec une demi-heure de retard.

                Pendant qu’on se préparait à quitter l’avion, un vague message nous a informés que quelques passagers, dont le passager Vannepu, étaient attendus à la sortie. Pas une grande surprise en soi, je m’attendais à ce qu’on m’annonce que mes bagages n’avaient pas suivi. J’ai demandé qu’on me confirme que Vannepu, c’était bien moi, et je me suis vu offrir ce qu’ils appellent la « bad news letter », ce document qui me prévenait qu’effectivement, bla bla bla. Bon, ça avait l’avantage de m’épargner l’attente au tourniquet des bagages et le contrôle de la douane. Et, au cas où Valou serait déjà partie, ça me permettrait de traverser la ville sans une tonne de bagages sur l’épaule. Mais ça m’obligeait à aller donner l’adresse de livraison au service des bagages égarés.

                Une chose à la fois. D’abord, l’immigration. Quand j’ai vu l’interminable file, j’ai senti que mes espoirs que Valou soit encore là disparaissaient. Une bonne demi-heure d’attente avant de passer comme une lettre à la poste. Deuxième étape, le bureau des bagages où j’ai dû attendre mon tour avant de remplir quelques papiers. Et puis la douane.

                Alors il faut savoir que beaucoup de choses doivent être déclarées, pour entrer dans ce pays. En fait, il serait plus facile de citer les choses qui ne doivent pas l’être. Il faut déclarer, par exemple, des chaussures de sport qui auraient pu être en contact avec la terre d’un pays étranger. Il faut déclarer tout ce qui se mange – et oui, ça comprend les chips, les cacahuètes, les Bi-Fi dont mon sac à dos jaune était rempli. Il faut déclarer les médicaments, et oui, mon sac à dos jaune en était rempli aussi. En lisant la liste, il me semblait évident que quiconque déciderait de ne rien déclarer serait fatalement un menteur, et j’ai évalué que la file des voyageurs qui n’avaient « rien à déclarer » était plus susceptible de faire l’objet de contrôles sévères. Estimant que mes médicaments ne les regardaient pas et qu’ils étaient catalogués sous le même intitulé que les drogues et les armes, j’ai préféré ne pas cocher cette case. Je me suis contenté de la case concernant la nourriture, prêt à abandonner le tout dans une poubelle si ça pouvait me permettre d’entrer plus facilement. Mais quand j’ai vu que la file des voyageurs qui avaient quelque chose à déclarer ressemblait à la FNAC le jour où on lancerait la vente de billets pour un concert de U2, je me suis dit merde, j’ai pas envie d’affronter ça, je décide que je ne déclare rien. Et j’ai pris l’autre file, nettement plus courte. Mais en avançant dans cette file, j’ai commencé à le regretter. D’abord, les panneaux rappelaient tout ce qui ne peut pas être importé en Australie et j’ai commencé à me débarrasser de mes précieux Bi-Fi. Ensuite, je voyais de loin la fouille systématique de tous les bagages et ça ne me disait rien qui vaille. Puis un officier m’a arrêté, a constaté le peu de bagages que je portais et m’a demandé si c’était tout ce que j’avais. Ben oui, le reste est sans doute à Bangkok, ou à Hong-Kong, ou à Singapour, ou que sais-je. Il a jeté un coup d’œil à ma fiche et a froncé les sourcils devant la case « nourriture » : Je croyais que vous n’aviez rien à déclarer puisque vous êtes dans cette file. J’ai sorti mes sachets de cacahuètes et mon air de chien battu. Alors le miracle s’est produit : il m’a fait passer directement, sans contrôle aux rayons X, sans la fouille systématique. Et je suis sorti du terminal avec un sourire jusqu’aux deux oreilles, retrouvant Valou et Kiliane qui s’étaient donné encore cinq minutes avant de quitter l’aéroport.

                Et nous voilà sur la route, vers le nord, longeant le centre ville avec ses gratte-ciels, apercevant le gigantesque pont, l’opéra, premier aperçu mémorable de cette ville qui me plaît déjà, pour aboutir dans le quartier des plages où Valou habite. Elle m’a déposé chez elle avec deux ou trois instructions, Kiliane m’a présenté sa chambre, où je logerai, en m’expliquant en long et en large comment faire fonctionner son lecteur de CD, c’était tout mignon, et elles sont parties à l’école.

                Et donc, voilà où j’en suis à ce stade du voyage. J’ai quartier libre jusqu’à 16h00. Je pourrais aller me promener sur la plage, c’est juste à côté, mais je préfère prendre quelques notes sur le début du périple et ne pas trop m’éloigner d’ici, des fois que l’aéroport m’appellerait pour m’annoncer qu’on va venir me livrer mon sac. Je me dis que si ça n’arrive pas aujourd’hui, je vais me présenter à l’école, demain, dans un tee-shirt Hard Rock Café tout puant, avec des sous-vêtements que je porte depuis lundi matin, sans m’être rasé, et bonjour la première impression. Mais j’ai des circonstances atténuantes.

                Donc voilà. Point mort. J’aimerais pouvoir vous dire qu’une bande de kangourous est en train de me faire signe par la fenêtre pour me demander de vous remettre leur bonjour, mais je n’ai encore fait aucune rencontre animale digne d’être relatée. Et tant mieux, dans un sens, parce que ma gentille voisine australienne, dans l’avion, a entrepris de me brosser le tableau dans le but évident de m’effrayer. Moi : Vous savez, je n’ai peur que des araignées. Elle : Ah, on a ça aussi. Elles ont à peu près cette taille. (Son pouce et son index avaient pris la forme d’une pièce de deux euros). Moi (blasé) : Oh, ça va, j’ai vu pire. Elle : Et ce sont les plus mortelles de la planète. Gloups.

                Bien, il est midi 50, entre-temps, et je viens d’appeler l’aéroport. Mon sac atterrit ce soir à 18h30, il y a donc un espoir qu’on me le fasse parvenir aujourd’hui mais le gars avait l’air d’en douter. À tout hasard, j’irai peut-être m’acheter une chemise et des sous-vêtements propres quand Valérie rentrera, je peux pas rester aussi puant trop longtemps. Et là, je commence à m’ennuyer un peu alors je crois que je vais aller me promener un peu du côté de la mer.

                Je pue !!! C’est épouvantable ! Je voudrais avoir la possibilité de ne pas constamment m’approcher à moins de cinq mètres, mais chaque fois que j’essaie de m’éloigner, je me suis ! Au secours !

                Plus qu’un petit deux heures à tuer avant le retour de Valou et Kiliane. Je viens d’aller me promener le long de Dee Why Beach où quelques intrépides surfeurs essaient d’attraper la fameuse vague métaphysique. Un de ces jours, quand Bristish Airways aura décidé de me rendre mon maillot de bain détenu en otage par exemple, j’irai nager un peu, juste pour la frime, pour dire que je l’ai fait, que l’hiver ne me fait pas peur. (Et je le regretterai le restant du séjour, blotti au lit avec 40° de fièvre). Ambiance calme et douce, à la plage, pas la grande foule mais il y fait agréable. Un jour, quand j’aurai le temps, j’irai me promener jusqu’aux plages suivantes, au nord et au sud, pour voir de quoi ça a l’air par là (le sable est toujours plus fin sur les plages des voisins).

                Suite du programme pour la journée : on va déposer Kiliane chez une de ses amies où elle logera, puis on va faire un peu de shopping (faut que je prévoie au moins une brosse à dents, du dentifrice, du déo, puis, si possible, un caleçon, une paire de chaussettes et une chemise pour le scénario catastrophe où je ne récupérerais pas mes bagages tout de suite).

                Depuis qu’il y a des Australiens partout autour de moi (depuis Londres, donc), je commence à envisager très sérieusement de me décolorer les cheveux à l’eau de javel pour me fondre dans la masse et revenir en Belgique avec un petit quelque chose de bien local. Mais bon, si je le fais, je ne vous préviendrai pas, histoire de flanquer un infarctus aux ceuces qui viendront me chercher à l’aéroport.

Publicité
19 juillet 2005

Mon premier séjour en Australie : 2005

Souvenirs de ce premier séjour en Australie dont le but premier était de déterminer si, oui ou non, je viendrais m'installer ici pour plus longtemps. La réponse, en définitive, après d'énormes rebondissements pendant un an, est oui.

Publicité
Australie 2005
Publicité
Publicité